Une visite dans un univers de couleurs et de senteurs.
Le musée de la lavande était autrefois une petite bergerie dite "Des Arredons" de Mr César BRUN . Autour d’elle, il faisait paitre ses troupeaux de chèvres et de moutons.
Déjà à cette époque, dans les années 1940, il cultivait à cet endroit des champs de lavande fine. Il les travaillait à l’aide de ses bœufs, et la récolte était coupée à la faucille. Quelques jours plus tard, après séchage, Mr TEYSSIER (distillateur) achetait les bottes et les amenait à la distillerie de Saint Marcel d’Ardèche pour en extraire les huiles essentielles.
La petite bergerie n’était plus exploitée depuis 20 ans et résistait tant bien que mal aux épreuves du temps jusqu’aux années 1990, date de son rachat.
Grâce à l’imagination et l’excellent travail de restauration de ses nouveaux propriétaires, le Musée de la Lavande vit le jour peu à peu et a ouvert ses portes en 2002. En 2015, les arrières petits-enfants de Mr César BRUN revenaient aux sources en rachetant le musée.
Cette plante millénaire serait originaire de Perse. Le mot lavande daterait du moyen-âge, mais cette plante était déjà utilisée par les Égyptiens, les Grecs et les romains pour parfumer leurs bains et entretenir leur linge. Les celtes fabriquaient une lotion à base d'huile essentielle de lavande appelée le "Nard Celtique" employé en pharmacie et en parfumerie. On fait référence au nard dans le nouveau testament, dans la maison de Simon le lépreux, Madeleine la pécheresse oignit les pieds du seigneur avec ce nard. En 1371, la culture de la lavande existait en bourgogne sous forme de "jardins de simples" où l'on cultivait d'autres herbes servant aux apothicaires.
A partir de 16ème siècle l'essence de lavande est distillée en Provence, elle soigne les plaies et sert de vermifuge. Au 18ème siècle, en association avec d'autres plantes aromatiques, la lavande était un remède employé contre la peste. C'est au 19ème siècle avec le développement de l'industrie et de la parfumerie que l'on commence à cultiver cette plante sauvage.
La distillation.
Autrefois on récoltait la lavande à la faucille, les cueilleurs étaient munis d'un sac en toile en bandoulière "la saquette" dans lequel ils déposaient les poignées de lavande, une fois remplies "les saquettes" étaient vidées en tas au bord des champs pour le séchage des fleurs.
La plupart des coupeurs débutaient dès l'enfance, des saisonniers embauchés à la tâche, ils se rendaient de village en village débutant la coupe dans les secteurs de basse altitude où la floraison est plus précoce et finissant dans les montagnes de la Drôme près du Mont Ventoux. C'était un travail harassant sous un soleil de plomb qui s'effectuait en équipe.
Dans les années 60 apparurent les premières coupeuses mécaniques conçues par d'ingénieux artisans. La machine relève les fleurs, les guide vers un système de coupe, puis vers un lieur qui effectue une gerbe. Pendant trois ou quatre jours on dépose les gerbes sur les plantes ce qui permet le séchage avant la distillation. Les gerbes sont ensuite chargées sur des remorques pour les conduire à l'alambic. Le procédé de distillation est né en Orient et nous est parvenu par l'intermédiaire des arabes d'où l'origine du nom alambic. La distillation consiste à extraire les huiles essentielles des plantes. Les premiers alambics étaient en cuivre et de petite capacité, souvent la ferme possédait son propre alambic et distillait la lavande au bout du champ si un point d'eau se trouvait à proximité. De nos jours il existe 2 procédés de distillation.
A la vapeur, les gerbes sont déposés dans une cuve appelée vase. De la vapeur d'eau passe à travers les fleurs et entraîne les huiles essentielles. Le mélange vapeur d'eau plus essence est ensuite refroidi dans un serpentin où il retourne à l'état liquide. Après décantation, l'essence étant plus légère que l'eau, se sépare spontanément et remonte à la surface, c'est la méthode traditionnelle. C'est cette méthode qui est toujours employée sur cette exploitation.
Dans les années 90 est apparu la mode de distillation en vert, les fleurs sont coupées et broyées par une machine de type ensileuse, elles sont ensuite distillées sans séchage préalable. Le travail manuel est ainsi supprimé. Le rendement de la production est supérieur à la distillation classique mais au détriment de la qualité.
Lavande et lavandin.
Il existe quatre grands types de lavande:
• Lavandula augustifolia, c'est la véritable lavande. L. officinalis pousse à l'état sauvage en montagne à 1000 mètres d'altitude et plus, utilisée en parfumerie et médicinale.
• Lavandula latifolia (ou lavande aspic, du fait des vipères qui se cachent dessous). C'est une grande lavande plus camphrée, elle pousse en garrigues méditerranéennes sèches à basse altitude. Elle est utilisée en parfumerie ainsi que pour la production d'huiles essentielles.
• Le lavandin qui est un hybride (latifolia X officinalis), est stérile et se multiplie uniquement par bouturage. Il est également utilisé en parfumerie et huiles essentielles. Il est très cultivé, car il donne de bons rendements. On le reconnaît à ses épis fournis et réguliers (contrairement aux lavandes).
• Lavandula stœchas (lavande des Maures, massif situé dans le département du Var) pousse en maquis dans les sols acides ou siliceux. Elle sert à produire des huiles essentielles et comme ornement.
Lavande et lavandin s'utilisent soit en huile essentielle soit en fleurs fraîches ou séchées en fonction des besoins : infusion, inhalation, frictions, massages. C'est un puissant antiseptique et cicatrisant. Elle calme les douleurs et procure un bien-être grâce à son effet relaxant.La lavande sert à désodoriser la maison, à parfumer le linge, c'est un anti-mite très efficace.
Le miel reste le premier produit dérivé de la lavande mais cette plante à parfum est employée aussi dans certaines compositions alimentaires. Actuellement la lavande est concurrencée par les produits de synthèse, mais la beauté des champs côtelés de bleu, l'étonnement de nos yeux et le plaisir de notre nez, les savoirs traditionnels, l'harmonie des milieux vivants nous permettent de nous évader d'un monde qui oublie le merveilleux.
Zone de Production de la Lavande et du Lavandin.
Les vacances se terminent, ces quelques articles sur l'Ardèche vous donneront peut-être envie de découvrir cette région si magnifique que nous visitons depuis de nombreuses années avec toujours autant de plaisir.