Vous avez dit BRF ?
Tontes de pelouse, feuilles mortes, parties non consommées des plantes potagères, déchets de tailles d'arbres et d'arbustes, fleurs fanées... voilà ce qu'on appelle des déchets verts. S'ils sont produits en masse dans le jardin, ils ont l'avantage d'être tous valorisables. D'ailleurs, nos grands-parents ne parlaient pas de déchets : ils savaient réutiliser toute cette matière organique disponible et n'allaient pas s'approvisionner en engrais, terreau, paillis, tuteurs ou bois d'allumage à la jardinerie du coin, dont les rayons spécialisés se sont multipliés au fil des ans.
Le jardin se prépare aussi en hiver.
Mieux que le compost, le bois raméal fragmenté. Les bois raméaux fragmentés, ou BRF, sont pour certains une révolution agronomique. Il s'agit d'apporter directement au sol de jeunes rameaux de feuillus broyés, issus de la taille de haies ou d’élagage. Une technique écologique et économique qui nous vient du Canada, dans les années 70. Le BRF, c’est la richesse de l’humus, cette terre très riche des forêts, dans son jardin, pour ses cultures, son potager. Il est à l'origine d'une importante production d’humus, amélioration très nette de la structure des sols, rendements accrus avec des effets prolongés sur trois ans, importante réduction des besoins en eau, moins de désherbage, de maladies et de ravageurs...
Un broyeur acceptant des branches de 10 cm de diamètre engloutit sans peine les rameaux de feuillus.
En fait, tout se passe comme si on reproduisait, en les accélérant, les processus en œuvre dans la formation de l’humus forestier. Les bois raméaux, extrémités des branches des arbres de diamètre inférieur à 8 cm, concentrent 80 % de tous les nutriments des arbres. La plupart de ces nutriments sont assez facilement dégradables. L’un d’eux, la lignine, matériau carboné qui assure la rigidité et la durabilité du bois, l’est beaucoup moins. Mais dans les petits rameaux, elle n’a pas encore acquis la stabilité qu’elle acquiert dans les plus grosses branches. Au contact du sol, après broyage des rameaux, cette lignine est rapidement attaquée par une famille de champignons, les basidiomycètes du sol, également appelés "pourriture blanche". Cette déconstruction de la lignine stimule considérablement la vie du sol en provoquant toute une série de transformations et elle produit de grandes quantités d’humus. L’utilisation directe des BRF permet de faire l’économie du processus du compostage, avec une efficacité supérieure puisqu’il n’y a ni montée en température, ni perte d’éléments.
Ici, une couche de 10 cm environ d'épaisseur pour garantir un accès "pieds propres" au composteur durant l'hiver.
Photos ci-dessous, du BRF réalisé en décembre, prêt à être utilisé dans le jardin en mars l'année suivante !